Très bonne émission que celle-ci (j'ai corrigé la coquille du titre pour ne pas vous blesser chers lecteurs). Je vous cut&paste le chapo de l'émission :
Quel feu d’artifice ! Les grandes expositions exceptionnelles se multiplient, au point d’en devenir banales. Et le public en redemande ! Kandinsky au centre Pompidou (rétrospective qui fera date) de même que les années parisiennes de Calder, Wharol au Grand Palais (fascination assurée), Rodin, Dali et Jacques Tati, Giorgio de Chirico, ou David LaChapelle… sans oublier les fastes des costumes de cour à Versailles… Les files d’attentes s’allongent à un point tel que pour Picasso et les Maîtres, il a fallu ouvrir l’exposition 24h sur 24 !
Il en va de même pour la Musique, de la variété à l’opéra, pour le cinéma, pour la littérature… C’est chez nous, mais nos voisins ne sont pas en reste, à Londres, Amsterdam, Saint-Louis…
Est-ce trop ? Que se passe-t-il ? La crise favoriserait-elle le développement culturel ? Les périodes de crise sont sûrement des périodes de réflexion sur le sens de l’environnement, sur les relations à l’autre, au temps, au monde. Parallèlement, le besoin de distraction est aussi présent ; parfois même c’est de la distraction que va naître la découverte de la culture.
Et c’est la culture historique, économique politique, qui va permettre de comprendre la crise.
L’Histoire montre que crise et manifestations culturelles vont souvent ensemble.
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Bonne entrée en matière n'est-il pas ? Belle brochette d'invités, belle bibliographie, juste un oubli de "L'économie Créative", volontaire ou pas, nous attendons leur réponse.
A l'occasion de la publication d'une étude très attendue sur l'impact économique d'un éventuel terminal méthanier au Verdon sur Mer, petit passage à la télé. Sympathique ambiance sur le plateau. Cliquez sur l'image pour arriver au Journal de midi. Interview à 12h10.
Lire aussi le bon papier de Bernard Broustet aujourd'hui dans Sud Ouest.
Je suis né tout seul près de la frontière
Celle qui vous faisait si peur hier
Dans mon coin on faisait pas d'marmot
La cigogne faisait toutle boulot
C'est pas facile d'être de nulle part
D'être le bébé von dem hasard
Hey gipsy, t'as plus d'veine que moi
Le blues il sent bon dans ta voix
Elsass blues, Elsass blues
Ca m'amouse...
Va falloir que je recouse
Elsa encore un verre de sylvaner
Pour graisser l'rocking-chair de grand-mère
Mets ton papillon noir sur la tête
J'te ferai un câlin ce soir après la fête
Faut pas que j'parle aux Levy d'en face
Mémé m'a dit reste à ta place
Hey gipsy... j'aurai pas mon bac
Je f'rai jamais la carrière de Bismarck
Elsass blues, Elsass blues
Ca m'amouse...
Va falloir que je recouse
Elsass blues, Elsass blues
Ca m'amouse...
Va falloir que je recouse
J'habite un blockhaus sous la mer
Elsa est aussi belle qu'hier
Son pavillon se noie dans mon blanc sec
J'ai pas trouvé l'dernier Kraftwerk
Elsass blues, Elsass blues
Ca m'amouse...
Va falloir que je recouse
Ce n'est certes pas la plus connue, ni la plus belle musicalement parlant, d'Alain Bashung. Mais c'est l'une de celles -ou bien la seule- dans laquelle il parle de ses racines alsaciennes, celles d'un ancrage forcé, d'un ré-enracinement par la force des relations familiales. Ce matin, on a entendu ses copains d'enfance de Wingersheim sur les ondes nationales. L'un de mes meilleurs amis me disaient à l'occasion de la mort de Michaux que notre Libé quotidien était plus que bien dans ces tristes journées. C'est encore le cas aujourd'hui. Manière de positiver. Genre. Salu kompels.
On ne présente plus Pierre Hermé, créateur de pâtisseries, auteur prolifique etc. alors il convient de présenter l'exquis Charles Znaty, publicitaire, spécialiste des marques, gestionnaire hors-pair. Les deux hommes se sont rencontrés en 1992. Ensemble, ils co-dirigent depuis 1997 la Maison Pierre Hermé Paris. Avoir la chance de les interviewer tous les deux est ineffable, on se prend à imaginer que le même dialogue aurait pu avoir lieu entre Yves Saint-Laurent et Pierre Bergé tant leur complicité est grande et leur réussite commune indiscutable. L'économie créative peut aussi être l'alliance d'un tandem, l'un au service de l'autre pour le plus grand bonheur de leurs clients de par le monde. Nous reproduisons ici l'intégralité de l'interview publiée pour partie dans "Economie Créative : une introduction" aux Editions Mollat.
Avez-vous formalisé votre processus créatif ?
PH : Je pars toujours de quelque chose de construit. C’est plus ou moins abouti, c’est une réflexion de Charles sur un thème, ou une piste sur laquelle je m’appuie … ou pas ! Mais cela m’aide toujours dans mon travail créatif. L’apport de Charles me fait réfléchir sur des sujets et des pistes, cela me challenge… après je m’en occupe. Parfois je n’y reviens jamais, parfois c’est simplement mis de côté, réutilisé plus tard.
Comment sont formulées ces contributions de Charles ?
PH : il ne me parle jamais de goût mais plutôt d’un esprit ou une réflexion pure ou guidée par des impératifs ou des besoins à remplir. Parfois il s’agit de répondre à une demande ou même d’inventer qui n’existe pas….
CZ : Il s’agit de te stimuler.
Comment est né « l’Esprit Fetish » en 2006 ?
PH : nous voulions abandonner les collections, trop lourdes, trop coûteuses en temps de développement. Charles m’a alors proposé cet axe pour définir nos produits fétiches. Nous venions de parcourir une période qui avait vu naître beaucoup de créations. Nous voulions dès lors attacher des fondamentaux à la marque Pierre Hermé Paris en tant que produits, pour que la marque soit reconnue propriétaire des associations de saveurs. Cela m’a ouvert un angle de travail sur lequel je ne réfléchissais que de manière naturelle et inconsciente…
CZ : la créativité, pour moi c’est la création, la construction ex-nihilo. Dieu a dit « Que la lumière soit » et la lumière fut. Il l’a seulement « dite » et elle fut. Dans l’acte de création, il faut une étincelle de talent. Pierre a un authentique talent créatif. Moi je suis plutôt en mesure de conceptualiser les choses. La plupart des gens sont capables soit de l’un, soit de l’autre, alors que les deux sont indispensables. Parce que je connais très intimement son processus créatif, je peux lui proposer des axes pour l’aider à descendre de plus en plus profond dans son propre registre créatif… Il existe une alchimie très particulière qui fonctionne très bien entre nous. Ce sont les deux conditions essentielles pour moi qui n’ai jamais travaillé qu’avec de très bons créatifs ; il y a de très bons concepteurs mais très peu de talents créatifs…
La pâtisserie nécessite quand même un certain bagage technique, quel est son poids dans votre processus créatif ?
PH : La technique doit-elle venir avant ou après ? J’imagine parfois des choses où je n’ai pas de solution technique. La technique n’est pas un frein pour moi, je ne m’en préoccupe pas. La solution technique pour fabriquer un prototype est une chose et c’en est une autre pour fabriquer le même produit tous les jours…
CZ : On sent quand tu t’englues...que le résultat n’est pas à la hauteur de tes attentes. La chance que nous avons est de pouvoir créer ET mettre en application. C’est souvent à cette étape que cela coince.
PH : Oui,le plus souvent, c’est la création qui risque d’en prendre un coup. Je ne fais pas de concessions, il faut donc je trouve des solutions...
CZ : Tu ne négocies pas avec toi même !
PH : Charles sait trouver les ressorts marketing et communication pour mettre en forme, pour donner de la visibilité, de l’éclat même…
CZ : C’est la manière la plus juste pour décrire notre collaboration. J’apporte des mots pour désigner sa création. Comme Pierre est très ouvert, il m’amène un écho que je traduis par des mots. C’est à ce moment que ses créations existent, que le processus créatif est bouclé. Au début de notre collaboration, on passait des heures à décortiquer un texte, des mots… Aujourd’hui on échange deux ou trois courriels pour changer trois mots.
PH : Nous avons un langage commun, il est essentiel, je dirai même fondateur de l’entreprise. C’est pour cette force que je me lève le matin, cela me passionne.
En dehors de vous deux, qui d’autre intervient dans le processus ?
PH : Je suis solitaire dans la conception du produit mais beaucoup d’éléments sont le résultat d’une interaction… Je dessine un produit, je donne à essayer, je goûte, j’écoute mais je ne prends jamais ce que j’entends au pied de la lettre…
CZ : Nous sommes dans un processus interdépendant. Mais nous ne faisons pas de test, pas de prototype. C’est une perte de temps.
N’avez-vous jamais essuyé de bide ?
PH : Notre analyse du succès ne se base pas sur des chiffres, nous prenons d’autres paramètres….
CZ : Le chiffre d’affaires n’est pas le critère de mesure du succès ou de l’échec. Si Pierre a du plaisir à le manger, c’est un succès. Que les gens l’achètent ou pas ne nous importe pas. Cela ne nous empêche pas de travailler de façon rationnelle sur la stratégie commerciale…
Comment avez-vous observé la montée en puissance de la cuisine moléculaire dans la gastronomie des grands chefs étoilés ?
PH : Moléculaire ? Mais la pâtisserie est moléculaire depuis toujours, ce n’est pas une innovation fondamentale. Certes, il y a eu des apports nouveaux, cela a ouvert des champs de possibilités, parfois intéressants mais le plus souvent anecdotiques. La plupart des innovations sont réservées à de toutes petites applications qui font quelques couverts dans un restaurant. Par contre, nous avons un travail de veille sur les fournisseurs de matériel, ils sont une importante source d’informations.
Votre créativité suffit-elle à expliquer la différence de prix entre votre 2000 feuilles et le mille feuille du boulanger de quartier ?
CZ: C’est l’essence même du luxe. Nous sommes dans la chaîne de valeur du luxe. Une part essentielle du coût de revient du produit final est dans une main d’œuvre qualifiée de très haut niveau, des artisans de premier ordre ainsi que dans les matières premières exceptionnelles. A frais généraux équivalent, on est donc inévitablement plus cher que le boulanger de quartier.
PH : La concurrence existe et c’est très bien. Il y a de très bons macarons surgelés, faits par des industriels alors que des artisans en font de moins bien. Je n’ai pas de jugement de valeur au-delà de ça. Nous allons continuer à faire la différence sur des associations de goûts, de texture….
Etes-vous tenté d’ouvrir votre réflexion créative avec d’autres créateurs, des designers par exemple ? Ou d’associer votre marque à d’autres sujets que la pâtisserie ?
PH : c’est ce que nous avons fait à nos débuts avec « la Cerise sur le gâteau » en 1994, avec le designer Pennor’s. Il y avait un énorme engouement pour le chocolat noir et nous aimons beaucoup le chocolat au lait... j’avais une idée précise : un gâteau qui ait une forme de gâteau et une idée précise du goût chocolat au lait-noisette ce qui a plu à Pennor’s… Mis à part cette création, le design en pâtisserie n’existe pas, ce n’est pas un axe de travail, c’est une escroquerie de mettre le millefeuille à plat… Par contre, nous travaillons beaucoup sur les boutiques, les emballages et les vêtements des vendeurs. Moi ce qui me guide c’est le goût. Et tout le travail de mise en forme du gâteau consiste uniquement à le rendre appétissant. Pour ce qui est des déclinaisons de Pierre Hermé Paris, il y a celles qui sont naturelles, tournées vers l’art de la table ou vers des passions comme pour les parfums. L’envie de faire des bougies est venue tout naturellement. Cela ne s’est pas posé comme « que faire avec marque Pierre Hermé Paris ». Comme pour une gamme d’appareils de cuisine, cela fait longtemps que je rêvais de faire quelque chose de personnel. La rencontre avec Alessi et Matali Crasset a été un déclic.
Quelles différences voyez-vous entre la pâtisserie au Japon et celle de France ?
PH : Ce sont les mêmes recettes. La pâtisserie française est implantée au Japon depuis les années 50. Culturellement ils se sont familiarisés avec le sucre. Les gateaux sont consommés avec du thé vert, ce qui fait baisser la perception du sucre. Cela s’offre beaucoup en cadeaux. Depuis quelques années il y a un véritable engouement pour le chocolat. Aujourd’hui les macarons sont très à la mode.
Est-ce une source d’inspiration pour vous ?
PH : nous venons de lancer un macaron wasabi-pamplemousse, le fait d’avoir trouvé du wasabi frais a été déterminant, tout comme l’association avec le pamplemousse…
Qu’en est-il de votre rêve d’une boutique qui ne vendrait qu’un seul gâteau, différent chaque jour ?
PH : techniquement c’est tout à fait réaliste, économiquement il y a encore des solutions à trouver. Nous les trouverons un jour. Une boutique qui ne serait pas une boutique mais un pas-de-porte, on y ferait que du sur-mesure…
Quand un grand chef créatif, doublement macaroné par le Guide Michelin, m’accueille pour répondre à mes questions sur l’économie créative en préparation du livre édité par la maison Mollat, on est d’abord petit garçon et petit à petit le chef vous met en confiance, se livrant sans retenue sur ses sujets de prédilection. Création, innovation, malbouffe… Ci-dessous le texte intégral de son interview parue dans « Economie Créative : une introduction » pour l'Institut des Deux Rives... et quelques images prises après l’interview.
Pourriez-vous nous décrire votre processus de création dans lequel nous trouverions la place de la « banque des fantasmes » ? Les collaborations au sein du laboratoire de R&D ? Les tests des menu-créa ?
C’est une question qui revient souvent. Créer et réfléchir c’est d’abord avoir le nez au vent, essayer de sentir des choses et les phénomènes qui pourraient devenir un produit à commercialiser… C’est une grosse part de rêverie et de fantasme. Je suis dans l’imaginaire, la séduction, le coup de cœur. Ce que je crée, il faut que ça m’amuse, m’excite et me donne des sensations.
Aujourd’hui votre économie créative c’est beaucoup plus qu’un restaurant gastronomique…
Oui, mais il n’y a pas eu de construction économique dès le départ. J’aime beaucoup cette citation de Mc Arthur « pour faire une entreprise, il faut un rêveur, un comptable et un fils de pute ». Je suis le rêveur, je visualise… Quand je parle du fantasme, au départ c’est de l’imaginaire, une rêverie. C’est vrai pour un projet de plat, de pâtisserie, de boulangerie… Après il faut étudier et regarder de près, surtout en Chine, la mère de toutes les cuisines, au Japon aussi où l’on trouve la sublimation du produit et du geste… le luxe est lumière sur le beau.
S’il n’y a pas de processus formalisé, on devine tout de même qu’il n’y a pas de hasard ?
Non il n’y a pas de hasard parce que ça n’existe pas. On réfléchit sur le poireau, la carotte, on le valorise et on le sort de ses gonds. Nous avons envie de donner une autre dimension au produit. Cuisiner aujourd’hui est un langage codé, on ne s’assied plus à la table d’un restaurant parce qu’on a faim. Il n’y a pas de place pour le hasard, on sait où on veut aller. Notre guidage se fait par le décodage du client quand il nous dit « j’ai aimé, ça me fait penser à ça ». On ne laisse pas plus de place à la technique culinaire proprement dite, on l’appelle quand c’est nécessaire : un plat avec trois morceaux de poireau, chacun cuit différemment…
Créer donc, pour vous, ne peut pas être un acte solitaire, comme celui d’un artiste ?
Non et ce depuis toujours : j’ai d’abord créé une association « le cerveau collectif » avec des amis qui n’étaient pas cuisiniers mais architecte, designer, biologiste, médecin. Tous passionnés de cuisine, ils acceptaient de faire du décodage de produit. J’ai toujours trouvé bien plus enrichissantes des discussions avec des non-professionnels. Un designer réagit à une poire belle-hélène et en fait quelque chose qui ressemble à un bijou de pâtisserie… on rêve d’abord et on part ensuite dans la technique. Les cerveaux extérieurs sont indispensables pour s’enrichir et pour se démarquer. Cette association a évolué ensuite en un laboratoire de Recherche & Développement ici à Pauillac. Puis, nous avons créé le « food lab » à Paris. Tout cela est né ici, notamment le dimanche où l’on faisait des essais. Ces essais sont partagés avec le client qui peut noter, discrètement, son ressenti visuel, gustatif… L’industrie agro-alimentaire le fait depuis longtemps, nous depuis 10 ans et depuis 2007 à Paris avec des scientifiques et des designers. Leurs idées poussent à la recherche d’autre chose. On peut imaginer arriver à un développement semi-industriel. On a travaillé sur un « nem sans porc » : même là, on peut être créatif…
Pour autant, faire durer une entreprise créative demande de la rentabilité…
J’étais très créatif dans mon premier restaurant, mais sans raisonnement sur le prix final, je me suis vite rendu compte qu’il me fallait un comptable. La création est entre l’ordre et le désordre : il ne naît rien de bon dans le désordre et rien dans le désordre. Il faut être un artiste pour créer et un artisan pour reproduire la création et la faire faire. Un produit qui sort de la R&D peut très bien ne pas arriver dans l’assiette : il faut de la technique pour faire la recette, pour montrer une nouvelle mise en scène de la cuisine.
La rentabilité est-elle suffisante via un seul restaurant gastronomique ?
Oui mais la création gastronomique fait de faibles marges, il faut donc être capable de se diversifier. Être très créatif chez moi signifie 45 couverts, pas plus. Ce n’est pas viable. La rentabilité vient d’entreprises satellites à créer : une brasserie, une boulangerie ou des prestations de R&D pour l’industrie agro-alimentaire. Notre laboratoire de R&D travaille aussi pour d’autres mais j’ai la liberté de ne pas accepter tout le monde : fast food, sandwicherie, c’est non. Mais c’est oui pour chercher de nouveaux concepts de cuisine de rue et pour arriver à un ticket moyen de 7€. Le fast-food est totalement prisonnier du modèle industriel…
Il est donc prévisible d’envisager une gamme de produits Thierry Marx ?
Des produits « Marx » non, mais tout ce qui fera aller vers une restauration abordable et intelligente oui… pas forcément signée de mon nom. Ou créer une ligne de produits de luxe dans le bien-être, la santé mais pas alimentaire.
La gastronomie française s’est souvent posée en défenseur des produits de terroir. Est-ce contradictoire de l’innovation ?
Ici, en Médoc, nous avons réinventé l’agneau de Pauillac. La grande distribution était notre premier client qui profitait de la valeur d’image d’une petite production locale pour vendre des dizaines de tonnes d’agneau de Nouvelle-Zélande. Simultanément, il est important de ne pas diaboliser l’industrie agro-alimentaire et la grande distribution : ils cherchent de l’image et du savoir-faire. Ces grands groupes possèdent leurs propres bateaux de pêche, font travailler sous contrat des agriculteurs pour leur acheter toute leur production mono-produit de carotte ou de navet, ce qui répond au marché.
C’est terrible ce qu’arrive à faire ceux qui opposent toujours terroir et innovation. Les architectes ne se critiquent pas les uns et les autres. Tout part d’un réflexe de peur, par exemple « il faut défendre le camembert au lait cru » et faire croire que l’on va ainsi défendre un petit producteur face aux méchants géants. Alors que les producteurs qui maîtrisent le fromage au lait crû sont dans un environnement de plus haute technologie et d’une plus grande technicité. Cette opposition entre tradition et innovation est toujours gênante : les gens biens font de la cuisine traditionnelle et les salauds font dans la molécule…
Reprenons le navet. Escoffier dit que le navet doit être pelé parce que « la peau du navet n’est pas bonne pour la santé ». J’ai consulté un scientifique qui a cherché et rien trouvé. Nous nous sommes penchés sur cette peau, on y trouve une cellulose très intéressante...
Mais, finalement, cette cuisine traditionnelle défend la « malbouffe ». Par exemple, l’algue kombou fait de l’épaississant à une sauce, ce qui évite la farine. Tellement de peurs peuvent être agitées avec l’alimentation alors qu’un torchon sale est beaucoup plus chargé en bactéries et dangereux.
Intégrez-vous les idées apportées par d’autres industriels de l’agro-alimentaires, les produits E409, E410… les produits texturants ?
C’est drôle, on réinvente une cuisine qui fait peur tous les 20 ans : maintenant c’est la cuisine moléculaire, mais la cuisine est moléculaire par définition ! On découvre une algue pour en faire un produit texturant (l’E409) et on crie au scandale alors qu’il n’y a aucun danger : ce sont des extraits secs que les pâtissiers utilisent depuis 20 ans.. Nous utilisons cette algue à l’état naturel, sans E quelque chose…
C’est le même obscurantisme qui sacralise le bistrot de quartier avec son comptoir en zinc. Moi il ne me fait pas rêver. Je l’ai assez vu étant enfant, il était effectivement le lieu d’une cuisine populaire. Quand le ticket moyen autour d’un plat de saucisse-lentilles est de 15 €, je ne le trouve plus abordable… L’Espagne et l’Italie ont une tradition culinaire populaire. En France, l’origine est bourgeoise : la monarchie a fabriqué les arts de la table, les Fermiers Généraux ont créé le métier des aubergistes… On a entretenu ça autour de la cuisine. Les Espagnols sont arrivés sans dogme culinaire et ont déboulé dans la créativité et le modernisme.
Le plaisir vécu dans un restaurant gastronomique n’est donc pas, selon vous, lié au seul plaisir alimentaire…
Absolument pas, la chose qui nous arrive est que le client veut voir la cuisine, on veut regarder le chef travailler en direct devant le client. Celui-ci n’accepte plus l’autorité suprême de ce qu’on lui propose à manger mais on veut voir, on va voir… Tout ça change la cuisine. Elle s’est toujours adaptée à son époque : on entre en contact plus facilement avec la cuisine aujourd’hui. A Londres, il y a un restaurant tous les 20 mètres et à tous les prix. Les clients veulent rester et voir un nouveau plat ou un concept abouti. Au Labo nous refusons 200 personnes par mois pour goûter des expériences….
L’économie créative, la gastronomie créative, peuvent-elles apporter une réponse à la malbouffe mondiale ?
Oui il est possible d’être innovant pour les plus pauvres. Nous le vivons dans notre atelier de cuisine aux Restos du Cœur de La Villette à Paris. Manger devient un moyen pour se reconstruire. Pour les personnes en détention, c’est identique. La culture du savoir manger est une démarche importante. Je crains que la cohabitation entre très riches et très pauvres ne soit de plus en plus tendue, le lien de la classe moyenne ne fonctionne plus très bien… Savoir manger est culturel, cela fait partie de l’éducation. L’éducation au goût est en panne générale depuis les années 80.
Quand je montre un cours de cuisine, ils voient, regardent, apprennent et existent. Nous en sommes arrivés au point où si vous ne pouvez plus consommer vous êtes exclus du savoir, de la culture en constatant « je n’ai pas le droit à cette nourriture ». Etre créatif avec une boite de petits pois ou de maïs est beaucoup plus difficile qu’avec des queues de langoustines et du caviar. Réussir une oreille de veau est très difficile. Certains de mes plats sont nés de plats de pauvre : les tortillas minute sont nées des Restos du cœur avec des sardines comme sur une pizza…
La cuisine de rue est une alternative à la malbouffe. Le Japon a su préserver sa culture culinaire par la cuisine de rue. A 2 heures du matin, dans le moindre 7eleven de bas quartier, vous pouvez manger un plat de la culture gastronomique japonaise… Le bento dont on parle tant aujourd’hui c’est la gamelle de mon grand-père avec trois niveaux de cuisine. On innove en réinventant beaucoup de choses…
Légendes :
Invité par des esprits bienveillants à participer aux travaux de l'Institut des Deux Rives, nous y avons travaillé tous ensemble, depuis un an, à la rédaction d'un ouvrage sur l'Economie Créative, le premier ouvrage de vulgarisation en français, disponible dans toutes les bonnes librairies dès le 26 février prochain. Il est publié aux Editions Mollat. Pour quadriller le sujet dans tous les sens, un abécédaire (j'ai contribué au C, au I et au X). Des interviews de gens formidables, forcément, Starck, Buren, Lesgourgues (et plein d'autres, j'ai eu la chance de passer de merveilleux moments avec Thierry Marx et Pierre Hermé). Et un petit topo final sur la situation de Bordeaux en matière d'Economie Créative qui pèse déjà le 3ième secteur d'activité après le commerce et le service aux entreprises. Au fait c'est quoi l'Economie Créative ? Et l'autre économie s'appelle comment ? Je vous enverrai gentiment vers le livre pour y lire la définition estampillée CNUCED, la mienne est plus lapidaire : c'est l'économie où l'idée et la création priment sur tout le reste quant à la création de valeur. C'est donc beaucoup plus large que la culture de Malraux, il faut y ajouter une bonne partie de l'ancienne nouvelle économie, le design industriel bien sûr et le vin et la gastronomie... On est à Bordeaux oui ou non ? Les élus locaux en Europe, en Amérique du Nord, chez nous donc aussi se prennent de passion pour le sujet. C'est une nouvelle version du célébrissime clintonien "it's the economy, stupid!"
qu'on nous rejoue. A la bonne heure, il y a un train à prendre que la Mairie de Bordeaux a pris dès hier après-midi en invitant ceux qui le voulaient à venir écouter de doctes penseurs et débattre. Le consultant stratège stigmatisait fort justement qu'il y avait risque pour Bordeaux à se disperser dans un trop grand nombre de domaines de l'économie créative. Il a donc fallu écouter encore et encore les tenants du "Bordeaux c'est le vin" et les autres "Bordeaux c'est autre chose et le vin". Etonnant comme on est capable de s'envaser dans des débats sans fin comme une promenade le long de Garonne à marée basse. D'autant plus étonnant que l'évidence est là sous nos yeux : il faut se concentrer sur le vin ET sur autre chose, la gastronomie par exemple et l'art contemporain (et pas l'art "comptant pour rien", mais là il faut laisser faire les experts pour discerncer le bon du moins bon). A l'idée d'approfondir le diagnostic rapide fait l'été dernier, il faut évidemment compléter tout cela de la stratégie qui donnera la feuille de route des investissements à faire. Ce sera l'occasion de s'interroger sur les besoins des entrepreneurs créatifs (travailler et vivre au centre ville, vivre dans des quartiers animés, disposer de très haut débit Internet et... le tout dans une ville dont l'image est une locomotive mondiale, comme une signature de la puissance de la création). L'on s'est engagé du côté des élus à nous réinviter sur le sujet, à créer une agence adhoc "Bordeaux Creative", à réfléchir à la destination des friches industrielles. (à suivre) donc.
Il en est ainsi du métier de consultant. On reprend "Sur la route" de Kérouac, on met la zicmu à fond les ballons un oeil sur les compteurs et les radars ; le bitume fait le reste. Bordeaux - Lyon - Montpellier - Toulouse - Bordeaux : 1600 km au compteur. Retour sur le vécu.
On oubliera très vite le glauque des aires d'autoroutes où d'aimables congénères vivent la même triste expérience de "road wariors", les toilettes pas propres, le café-machine imbuvable etc. Sans importance. Pareil pour les hôtels de chaînes à oublier, comme toujours, mais leur notoriété et leur distribution sur le web s'imposent d'évidence, hélas.
L'accueil d'Erik fait oublier la neige, le vent, le brouillard au moment d'arriver au SIRHA, overcrowded de partout ! Quel bonheur de voir cette agora de gens de bouche, tous passionnés par leurs métiers, prompt à faire la démo sur leurs stands avec force chefs tous appareillés de bidules pour communiquer leurs savoirs à des audiences captives. Y compris la joie non préparée de retrouver les amis de Sud'N'Sol (la betterave confite est un killer !). Vous avez dit crise ? Avez-vous fait un tour sur l'enfilade de corners du Conseil Régional de Rhône Alpes ? Beau, bien fait, animations avec chefs et accords mets-vins... et donc public présent ! L'Aquitaine était bien moins visible --ou alors je ne l'ai pas vue--...Nous étudierons plus tard comment aider la belle équipe d'Erik à faire plus et mieux, beaucoup mieux, les bons, très bons même, ferments sont là !
Après moult perditions entre tunnels et autres périph, voilà le moment de rencontrer Jean Vasseur sur sa colline, rue des rivières. Dieu merci, "Fred" dans son équipe a su me guider sur le dernier kilomètre, "au terrain de boules, tournez à gauche et prenez à gauche sur la colline". Belle tout autant qu'efficace et me voilà avec la dernière livraison de "Histoire d'Entreprises" dans les mains. Et là c'est cadeaux (le pluriel s'impose !) ! Une atmosphère de cluster autour de l'activité pionnière de Jean Vasseur qui a tourné sa première passion journalistique pour en faire un business multi-polaire d'édition de beaux livres d'histoires, de production vidéo, d'agences de pub nouvelle génération, de traduction et j'en passe. Le tout sur un seul plateau et lui qui se gratte le ventre. Une révélation dans le dernier numéro d'Histoire d'Entreprises, le cas FAVI (un truc énorme, rien vu de pareil depuis Bertrand Martin à la tête de New Sulzer Diesel). Des idées naissent, des connexions se font, des promesses de se revoir et de travailler ensemble. A bientôt !
Quelques échanges de mails plus tard (quelqu'un peut-il lancer la canonisation ou la nobélisation des Seigneurs qui ont mis au point le Wifi?) avec Martin sur l'annonce des "Voeux" de son tout nouveau patron et nous voilà arrivé sur les bords de la Méditérrannée dans le noir et le froid et un restaurant fermé "pour cause de rénovation". Bigre, va trouver un rade pour manger quelque chose à la Grande Motte en plein janvier. Une adresse déjà pratiquée veut bien me servir à 21h30, nous sommes 3 couverts, c'est bien évidemment un cauchemar malgré la gentillesse du serveur... de service. A oublier. Mais le soleil du matin, même froid, et la mer bleue calme avec vue sur la rade et l'hôtel Azur, me ramène à de très bons souvenirs estivaux. Il est plus que temps de reprendre le bitume et la génération d'idées jusqu'à Toulouse. Les 2 ou 3 millions ou moins de grévistes s'égrennent, la France refuserait-elle le changement ou la méthode en cours ? La démocratie est-elle sur le gaz?
Quel bonheur donc de retrouver l'ami Paul Boulanger, perdu de vue depuis les années folles. Et nous voilà à deviser du DD (Développement Durable pour les pas-intimes) et de sa nouvelle mission, passionnante dans l'écurie Inddigo. Tant de choses à nous dire, d'idées à échanger, de choses à envisager. Le "greenwashing" n'est de mise que pour les cyniques : il y a tant de choses à faire, tant de besoins à satisfaire. Les théoriciens de notre métier de consultant l'ont écrit, ils le disent à longueur de conférences et de séminaires, les "Grenelles de l'environnement" deviennent enfin des mesures à appliquer et il y a tant de trains à prendre. La seule question qui se pose est "quelle est votre distance sur le quai entre vous et le train qui part ?"
Une petite note spéciale pour une belle expérience de petite gastronomie à Toulouse. Goog m'envoie vers un tout nouveau "Bar à Vins", "le 120, rue Cujas" (un juriste... étonnant, non ?), que je trouve et où je ne suis pas déçu : belle brochette de poulet mariné, bons vins au verre et service exquis, j'adore la déco baroque (des trucs improbables bien assortis joyeusement en foutoir qui invitent à rêver... allez-y), l'assiette de fromage est belle et tempérée (très rare...). La carte des vins manque de courage sans doute, j'ai probablement là un réflexe de bordelais arraché avec la motte...
Plus qu'une cerise sur le gateau, voilà enfin la nouvelle rencontre avec Anne-Marie de Couvreur Mondet à la tête de MediaMeeting. J'oserai une poussée d'orgueil pour une fois, je l'ai connue à la faveur d'un travail long, passionnant et enrichissant avec Marie-Do Favreau (et d'autres dont Philippe, Michel, Pierre... et Bernard G.) à la tête de la communication interne de TDF. Challenges, défis, innovations dans tous les compartiments, avec le leadership de dirigeants éclairés ou fins stratèges (c'est probablement la même chose), nous avions réussi quelque chose dans les années 90. La Firme nous avait permis de nous retrouver à l'aube de sa tentative d'essaimage de France Telecom. Une idée, une envie et son énergie font de MediaMeeting une entreprise bien assise aujourd'hui avec bientôt 3 millions d'€ de CA sur cette idée tellement évidente -et totalement improbable pour les experts- de radio d'entreprise. Oui, oui, le format FM au sens journalistique, des infos sur la vie de votre boutique, accessible par un téléphone avec de la réactivité, du professionnalisme et le savoir-faire de journalistes chevronnés. Le talent d'Anne-Marie est sans doute d'avoir su s'entourer, dès le départ, de professionnels de l'antenne FM, de pros de la technique, d'une belle équipe. Sa réussite est à son image, belle à voir.
Vous avez dit crise ?
PS : merci à http://www.la-laure.fr/accueil.html pour l'image des flamants, je ne connais pas ce lieu mais j'aime les pink-floyds.
Inmanquable célébration aujourd'hui que celle du 80ième du héros favori de plusieurs millions de lecteurs, Tintin est né il y a 80 ans, le 10 janvier 1929 par la publication magique des premières cases de Tintin chez les Soviets. C'est la première et seule fois où Tintin sera véritablement reporter pour le Petit Vingtième. Ensuite c'est l'aventurier qui prendra le dessus. 200 millions d'albums vendus dans le monde, traduits en 50 langues (même en Alsacien), Tintin se porte merveilleusement bien. Son actualité nous annonce l'ouverture du Musée Hergé pour le mois de juin, l'inauguration le 14 janvier d'une fresque à la gare de Bruxelles-Luxembourg, au centre de la capitale belge et pour 2010 le premier opus de la trilogie Tintin par Steven Spielberg et Peter Jackson. Sûr que les brillants reporters de nos Pélicans Noirs (de dangeureux activistes bordelais probablement à la solde de la Syldavie) désormais blogueurs grâce à la bonne maison Mollat, y seront et poursuivront leur travail de diffusion de l'oeuvre d'Hergé (et le respect de l'intégralité territoriale de la Syldavie).
Comme l'Histoire et l'actualité se joignent souvent pour un clin d'oeil commun, notre Tintin est souvent présenté comme le seul journaliste connu mondialement, sans avoir jamais écrit une ligne d'article, au même moment où La Croix publie son 22ème baromètre sur la crédibilité des médias. Pour une majorité des Français, le pluralisme des médias est en danger. Crédibilité du journaliste mise en doute par une trop grande proximité des pouvoirs politiques (lesquels s'entendent publiquement pour stigmatiser le mauvais traitement que leur réserve la presse), difficultés financières récurrentes, concurrence désormais frontale du média Internet (ce qui fait perdre d'avantage d'argent à la presse écrite en finançant de coûteuses et fumeuses stratégies Internet, l'exemplarité du WSJ n'ayant toujours pas été comprise ici), des Etats Généraux convoqués par ...le pouvoir politique en place, n'en jetez plus ! Tintin n'a pas connu Internet, qu'en aurait-il fait ? Les sondés de La Croix lui accorde une crédibilité croissante, certes loin derrière le tiercé classique radio, journaux, TV mais avec une courbe ascendante et rapide depuis seulement 2005. Tintin n'est pas devenu un jeu vidéo (que je sache et je veux bien que l'on me corrige sinon) et je ne crois pas qu'Hergé se serait amusé à envoyer notre héros favori dans un univers virtuel ou rivé devant son écran et adroit du clic. Mais il aurait pu y croiser certains pourfendeurs d'Hergé dont le toujours brillant The Economist a consacré un très bon papier de très bon fond récemment. Allez-y et surtout lisez bien les commentaires. Happy Birthday Tintin !
Rapide retour aux sources, très rapide même : quel bonheur que ce TGV qui en 2 heures et quelques vous amène de Paris à Strasbourg. Pour Bordeaux, nous attendrons 2016, au mieux, le tant que nos caciques de tous bords prennent leurs décisions et leurs responsabilités. Nul doute que si un championnat du monde du ping-pong politique était organisé, l'on découvrirait que nous élevons une écurie de champion dans notre grand Sud Ouest des Charentes aux portes de la ville rose... Passons. Bordeaux, comme l'Alsace en son temps, a besoin d'une psychanalyse, nous en reparlerons (ou pas).
L'on vous narrera demain une rencontre époustouflante de fraîcheur et de bon goût. Mais nous avons bien profité des jolies décorations, des joies de la table, du verre toujours plein, même vide (par anticipation) et des paroles réconfortantes. Pour le froid mordant et le ciel bleu, merci, on l'a eu. On a vu aussi les effets du vent des Souabes à en perdre le lobe des oreilles ! Pour le reste, quelques images d'Epinal...
Les marchés de Noël ont investi toutes les villes et bientôt tous les villages. Du coup, c'est l'escalade dans la différenciation : marché médiéval dans une ville fortifiée par Vauban (sic, mais avec forge et forgeron etc.), marché de Noël devenu marché de l'Epiphanie pour tenir jusqu'au 6 janvier (parions qu'il y aura beaucoup de clients pour l'encens et la myrrhe...), et contestation à Strasbourg ! Dès le 21 décembre, le fameux DNA proposait de réfléchir au succès du marché de Noël strasbourgeois "le succès et demain ? Si Noël devenait un cadeau encombrant..." C'est devenu une rengaine, mais Strasbourg n'a pas le monopole des pisse-vinaigre, qui me laisse toujours sans voix pendant au moins une bonne minute : devant n'importe quoi qui marche, produit de l'activité économique, fait des envieux de la bonne image locale, nationale, internationale, on trouve une poignée d'énergumènes ou de bachi-bouzouks pour contester, rabacher et regretter l'avant qui était forcément mieux. Deux millions de visiteurs pour le seul Noël de Strasbourg, peut-on s'en passer ? Pour avoir cotoyé un temps le tissu touristique professionnel local, je veux bien accorder un point, celui du besoin de dupliquer l'animation de décembre par une autre durant l'été, mais force est de constater que le lobbying en faveur d'un autre Noël en juillet compte peu de supporters. Cette fois-ci à Strasbourg, une ethnologue, invitée par le Conseil Economique et Social, parce que fêtarde professionnelle chercheuse au CNRS. Elle dit des trucs très bien, comme tous les chercheurs : "la fête change et s'adapte à l'époque et aux attentes. Le spectacle est partout désormais, c'est le propre de notre société". Et les uns et les autres de noter que justement les attentes changent, des clients qui dépensent beaucoup, d'autres beaucoup moins. Ou à chercher des comparaisons avec d'autres villes qui s'animent (Lyon, Nuremberg etc). La démarche est à l'oeuvre, la réflexion court, les idées fusent. Reste à prendre des décisions, poursuivre des investissements, changer ce qui doit l'être. Et les résultats suivront. Et les autres grandes villes de France de continuer à se rêver les plus alsaciennes possibles au moment de Noël.
Année nouvelle, que je vous souhaite pleine de neuf !
A la une : duo de torches aux marrons de la Maison Kamm à Sélestat. Divin délice.
Le changement a eu lieu. 3 mots vont devenir universels, aujourd'hui pour célébrer une victoire, demain pour justifier toute autre volonté devant un parterre de cyniques. Quelle belle gifle aux incrédules, pétris de certitudes historiques, bardés de rhumatismes, persillés d'incroyances et anorexiques d'espoirs. Yes We Can ! Aimer le changement devient une nouvelle injonction paradoxale. Révolution passe du rouge sang au noir c'est noir de l'espérance. Avec les larmes de Jesse Jackson, anonyme aux premiers rangs de la foule à Chicago, la promesse du puppy pour ses filles à la Maison Blanche, Allison Cooper, avec ses 106 ans, doit être bien heureuse ce soir à Atlanta. Yes we can !
Double nouveauté : un chef, William Pencolé, s'installe et crée le Comptoir d'Ornano. Et pour s'amuser avec d'autres, il appelle son ami Patrick Chazallet pour animer son Comptoir. Et ça donne ça : "Les Amis des Plaisirs du Goût (APG) et le Comptoir d'Ornano vous annoncent la création des lundis du Comptoir, animation oenogastroludique hebdomadaire.
Chaque lundi à 20h30, nous vous invitons au Comptoir d'Ornano, 227 rue d'Ornano à Bordeaux à participer à une soirée qui s'articulera autour d'un domaine vinicole, d'une appellation, d'un produit de bouche, d'un producteur ou d'un viticulteur, ou encore d'une région gastronomique.
Pour faire simple, William Pencolé et Patrick Chazallet s'amusent avec le terroir, la nourriture, le vin...
Programme complet à partir de jeudi sur
http://leslundisducomptoir.viabloga.com".
Si vous ne faites rien d'intelligent lundi prochain, voilà pour vous : PROGRAMME DU LUNDI 3 NOVEMBRE 2008 : LES COTES DE DURAS avec Marie-Jo Bireault, du Domaine des Hauts de Riquet. Amuse bouche avec 2 Côtes de Duras blancs secs, Terrine Bretonne, coques et oignons de Roscoff en accompagnement avec 2 Côtes de Duras rouge ; Parmentier de joue de boeuf et pied de cochon, carottes fondantes, jus au vin 2 Côtes de Duras rouge ; Pancake de pomelos roses, crémeux citron et gressini meringué au poivre Maniguette avec 1 Côtes de Duras moelleux ; 40 € le menu, les vins, le café et l’animation. Soirée limitée à 24 convives. Réservations à patchaz@orange.fr ou 05 56 984 363.
Vignette : Patrick Chazallet lui-même, tel que visible sur www.fureurdesvivres.com
Incroyable nouvelle tombée avant-hier, 21 octobre : une équipe d'alpinistes d'aventuriers japonais a trouvé des traces du Yéti sur les flancs du Daulhagiri IV ! Dixit le Fig.fr, "Les empreintes mesuraient environ 20 centimètres de long et
ressemblaient à celles d'un être humain", a déclaré depuis Katmandou
Yoshiteru Takahashi, chef du Programme Yéti du Japon. Troisième mission, 42 jours et hop une photo du pied, enfin non, de l'empreinte du pied (ci-contre merci l'express.fr) : 20 cm, grosso modo le migou chausse du 40, je ne pourrais pas lui prêter mes croquenots et lui les siennes. Hergé avait vu juste avec Objectif Lune, l'Affaire Tournesol, Tintin en Amérique, Tintin et les Picaros... et j'en passe. La vérité sur l'ami de notre ami Tchang est donc pour bientôt.
Avec les extrémités de son index et de son pouce droit qui se touchent et qui coulissent le long d'un cylindre imaginaire, notre Majesté Nicolas Ier l'a dit il y a une éternité de 15 jours au moins : les parachutes dorés, c'est fini ; le capitalisme sans morale, c'est fini etc. Tout ça en lisant bien ses notes (mais bon Dieu qu'on lui donne un prompteur !). Quand Nancy Pelosi a présenté la V1 du plan Paulson en tant que Speaker of the House quelques jours après, elle a dit "it's over". Nicolas Ier a du dire à tout le monde "eh, prem's, j'l'avais dit en prem's, elle me copie". On a eu droit à un déferlement de sanctions définitives, de menaces terrorisantes, ils allaient bien voir qu'on allait "régler leurs comptes à ces zouaves de la finance" disait Monsieur Carrez, rapporteur général de la Commission des Finances (in le jidédé du 5 octobre). Faut dire que le 21 septembre le même jidédé nous avait trouvé son expert zozo de service, pour lui "la crise financière était finie" à cette date. Il a remis ça aujourd'hui pour nous expliquer que le plan Paulson a juste du retard à l'allumage.
La loi finalement votée par le Congrès Américain et qui s'appelle "TARP" pour "Troubled Asset Relief Program", va nous remettre tout ça en marche. Et qu'il n'y a qu'à garder la tête froide et faire comme Warren Buffet, mettre tous nos milliards sur la table et acheter maintenant que les prix sont massacrés. C'est sûr, si j'avais un ou deux milliards d'euros, je m'amuserai bien... On rit encore sous cape quand on nous narre la rencontre à l'Elysée "au plus fort de la tourmente financière" (au juste, vous avez apprécié comment les médias ont enrichi notre vocabulaire pour nous inculquer les synonymes de "crise"), sa Majesté qui fait la leçon au gratin français de la finance, "vous vous êtes perdus dans les produits dérivés et vous avez oublié le seul métier que vous devez faire : celui de la banque de dépôt". Grand stratège en vérité. Même le Flamby de droite, Monsieur Bertrand, a trouvé son bon mot "on trouve des centaines de milliards en quelques jours pour sauver la finance et rien en une décenie pour éradiquer la faim dans le monde : c'est parce que le monde marche sur la tête." Trop fort ce Xav', il mériterait d'être Premier Ministre.
Je trouve cela magnifique. Des décennies après Bretton Woods, qui a marqué le début de la fin de l'impuissance grandissante des pouvoirs politiques dans la régulation de l'économie, voilà que tous les élus se précipitent pour saisir la perche tendue par l'actualité. Colbert, Keynes et tous les grands interventionnistes sont ressuscités : ils vont bien voir ce qu'ils vont voir tous ces patrons à la fortune insolente. On va leur montrer comment qu'on gère, comment qu'on est viré quand on est pas successful et comment on montre sa probité à force de chartes signées et d'engagements publics assénés. A tout le moins, ces "grands patrons" tant fantasmés sont polis. Pour l'instant, ils se taisent. En 2010, on en reparlera.
Je ne vais pas en rajouter sur les explications et les analyses, historiques (Braudel déjà), politiques (même que le PS devrait annuler son Congrès, on tremble), économiques quand même (Mme Parisot a juste dit "qu'elle ne venait pas de la finance"). Juste pointer vers l'excellent hebdo protestant Réforme, dont l'interview de Philippe Dessertine nous dit "Il nous reste à gérer la catastrophe financière". Parce qu'il nous donne un pourquoi qui fait réfléchir et trace maintenant du sens pour demain. Point 1 : on était en récession depuis plusieurs mois. Point 2 : les déficits publics dans le monde occidental, les USA étant les plus voraces, sont la seule raison de la création de cette bulle spéculative.
Comme on dit à Pékin, en période de famine, les riches gros vont maigrir et les pauvres maigres mourir. Same player shoot again.
En vignette : Colbert en grande tenue.
Ne boudons pas notre plaisir que ce retour dans notre histoire si proche, si immédiate. Aujourd'hui le sommaire. Pour saliver avant le recap des bonnes phrases et bons mots, lisez plutôt :
Si vous avez un sujet de prédilection, je veux bien le traiter en primeur. La lecture de tout cela est édifiante 24 ans plus tard. Promis aussi un best off des pubs publiées dans ce numéro spécial et qui, comme on disait joliment à l'époque dans les agences, "jouaient avec le support". Trop mignon.
"Vérité de ce côté-ci des Pyrénées, Mensonge au-delà" Je crois que l'on doit cette maxime à Voltaire (mais je veux bien être corrigé en échange de la bonne réponse). Si j'en crois ce que je ramène de la Biscaye, on a (définitivement ?) laissé l'imagination au Pays Basque espagnol pour se contenter de trucs à l'eau tiède sur qu'il est bon de faire des choses chez nous, parce que c'est mieux, enfin c'est comme ça, si vous voulez bien vous donner la peine de considérer notre ville comme le lieu de votre prochaine manif MICE et votre public mondial. Sans grand effort de créatif à cheveux verts, tatoos et autres anneaux bien placés, je vous laisse méditer sur une expression créative à la hauteur que celle que propose la Biscaye pour attirer la clientèle MICE mondiale. Promis, un jour on fera un comparatif chiffré : nombre de touristes d'affaires, capacité hôtelière, mètres très carrés du Kursaal de Donostia et autres pintxos de Bilbao. Je vous promets qu'on va bien rire.
Notre canard local préféré (le seul en fait, donc on l'aime par défaut) des fois, enfin souvent, (mais comme tous les gourmands d'info on en aimerait davantage), notre Sud Ouest nous en sort une bonne : aujourd'hui lundi 19/08 enfin le blog que l'on attendait, celui qu'on voudrait écrire, auquel on a pensé et sur le même sujet duquel on a déjà blogué. Dixit Sud Ouest "Bordeaux Unesco : le vrai-faux blog". C'est Richard Zéboulon qui tient la plume... et ça mord. Sévère mais juste : il en a marre des poubelles qui vomissent, des terrasses qui rampent et des stores qui débordent. Il rappelle la parole irrévocable. Il invoque la mémoire. Il réclame la fin de l'anarchie : c'est un démocrate ! Il veut juste être la vigie qui voit ce que les élus ne peuvent pas voir, rendre service donc, en bon citoyen, pas dupe, pas con, limite colère. On voudrait se ranger derrière lui. Il a laissé le champ des crottes à d'autres. Très bien, chacun son balais. Le JR de Sud Ouest tord un peu son bic dans sa lipe : "pourquoi ce ton parfois violent ?" "C'est le ton du chansonnier, de l'excès, le seul ton possible ici pour se faire entendre" dit-il. Tout ça avec plein de photos qui rappellent la bayadère de Bordeaux2013 : on sent la loose là, non ?