Deux événements vont bouleverser le paysage hôtelier bordelais d'ici à la fin 2007 : l'ouverture du Seeko'o Hotel sur le quai des Chartrons et le Grand Hôtel devant le... Grand Théâtre. L'un a défrayé la chronique, l'autre pas (alors que...). Une cinquantaine de chambres en 3 * avec vue sur Garonne pour Seeko'o, plus d'une centaine de suites "toutes différentes" avec peu de vue (dommage) pour le Grand Hôtel. La conception contemporaine du Seeko'o est bluffante, la façade en Corian découpe le ciel de façon remarquable. On peut craindre que la blancheur immaculée invite d'abord les taggers à une expression d'autant plus libre qu'elle sera sauvage. Un test grandeur nature pour Dupont, fabricant du Corian, qui en vante la solidité à toute épreuve. Ce genre d'adresse manquait à Bordeaux pour attirer les fashion victims et autres beautiful people de la planète qui "feront Bordeaux" comme ils ont fait Colette à Paris ou la Tate etc.
Ambiance tout à fait différente pour le Grand Hôtel. Qui s'appellera sans doute Régent, la marque luxe du haut de gamme de Radisson. Le décorateur a bien compris la
stratégie du promoteur et a conçu une bonbonnière américaine dans laquelle cette clientèle d'hyper haut de gamme se reconnaîtra comme à Pékin, San Francisco, Saint Pétersbourg etc. Suites, restaurants (le bistrot, le gastro etc.), salles de congrès et séminaires, spa, lounge etc. tout y est, rien ne manque et surtout pas le visa de la commission de sécurité obtenu la semaine dernière in extremis pour tenir la promesse inscrite sur la banderole depuis six mois.
Ces ouvertures en cours et celles à venir d'un Suites Hotel du groupe Accor (120 appartements sur l'ilot Bonnac, annoncés en 4*) et les ouvertures en rafale des Quality Suites (Bègles, extension de Mérignac) vont-elles enfin dynamiser l'offre hôtelière de Bordeaux ? Nul doute aujourd'hui que l'offre disponible en 4 étoiles et 3 étoiles au niveau de confort exigé par la clientèle d'affaire et par le touriste fortuné a manqué cruellement à Bordeaux. D'ici quelques jours cela sera comblé. Restera ensuite à combler toutes ces chambres et suites, ce qui se fera à la vitesse de l'hôtellerie entre 12 et 18 mois plus tard, pour arriver à des taux d'occupation corrects et des niveaux de prix au niveau des métropoles françaises équivalentes. Sur ce point, Bordeaux n'est pas au niveau des métropoles de taille comparable (en niveau de prix et d'occupation, Lyon, Marseille et Toulouse sont loin devant). Encore faut-il que les stratégies de pricing et de yield management soient des plus affutées, lesquelles ne marchent d'autant mieux que l'historique est conséquent. Sans parler de la distribution mondiale et multi-canaux qui doit être au point. Toute cette tringlerie coûteuse certes, mais indispensable, et nécessairement ultra-performante pour arriver au moment critique du "bonjour Madame" avec le sourire de rigueur de Vanessa ou Malik derrière leur comptoir d'accueil. Amusant paradoxe de cette filière terriblement industrialisée dans son fonctionnement et magnifiquement humaine dans les détails.
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