Il y a des entreprises comme ça qui défient le temps et tous les modèles théoriques. Les Cachous Lajaunie, le papier d'Arménie : recette immuable, entreprise mono-produit, image délicieusement rétro, distribution cahotique, marque installée dans la conscience populaire.... Le papier d'Arménie est de ces marques-là. On se rappelle tous plus ou moins le moment et le lieu de prise de conscience de cette odeur si particulière, le souvenir se grave, indélébile. Depuis 1885, le papier d'Arménie embaume. Comme de juste, le produit est l'histoire d'une rencontre entre un voyageur revenant de Turquie et un scientifique, celui dont la signature apparait sur chaque feuille, qui mettra au point la formule. L'entreprise n'a pas changé d'adresse depuis lors. On image la recette gardée secrète, connue de deux ou trois personnes seulement, qui ne prennent jamais l'avion ensemble comme on le raconte pour la recette du Coca Cola...
Mais voilà que la mouche de l'innovation pique le papier d'arménie qui devient bougie. Laquelle s'appelle.... la bougie papier d'arménie. CQFD. "If it ain't broke, don't fix it" disent les Américains. Un plan média du tonnerre (des pleines pages quadri dans la presse mag !), un mignon site Internet, la mise en avant du nouveau produit -pardon- de l'innovation radicale, on imagine la fébrilité à Montrouge... Reste que Papier d'Arménie en papier se paie entre 2,50 € et 3 euros quand le Papier en bougie est à 25-30 €, pour 40 heures de combustion. Certes s'il faut rapporter le prix à l'heure de combustion, le papier papier sera-t-il canibalisé par le papier bougie ? Faisons le calcul : à raison de 36 bouts de papier d'Arménie se consumant en une minute, pour un prix de 2,88 € ça nous met les 40 heures à ... ! Non de Zeus, faites le calcul ! Enorme. L'excitation grandit.
Il paraît que Post-it va s'y mettre aussi. La bougie sera autocollante.
Rédigé par : Charles' | 15 janvier 2007 à 16:47