Indispensable visite dans ce qui est la première des premières en France, et en particulier en Bordeaux, incontournable narration pour nous, après avoir tant stigmatisé l'absence d'investissements structurels capables d'initialiser l'oenotourisme tant demandé par la planète des consommateurs de Bordeaux du monde entier : bref, nous voilà donc par une belle chaude journée de mai à Arsac en Médoc.
Deux ans de travaux, 20 millions d'euros, 3 mois depuis l'ouverture... et maintenant 2000 vins ou 1 million de bouteilles, un restaurant, le Wy bien sûr, un programme d'animations, d'expositions (allez voir "l'homme qui mesure les nuages" de Jan Fabre, entre autres). Ca c'est pour le rude. Pour le soft, la Winery se voudrait "lieu de vie autour du Vin". L'important est sans doute dans la majuscule. Comme la sculpture de Susumu Shingu à l'entrée. L'architecture contemporaine du lieu, un cloître triangulaire d'acier galvanisé, vous embarque dans le jamais-vu à Bordeaux que Philippe Raoux pratique depuis longtemps (lui et d'autres, beaucoup plus discrets). On est dans l'art, avec tout ce que cela suppose de dérangeant et d'intimidant pour les néophytes ou d'amusant et d'émouvant pour les plus éclairés. A la table du Wy, on aimerait lire le livre de cave plus longuement, on devine un voyage, "nous avons tout dégusté" nous dira-t-on plus tard. Des prix attendus, d'autres surprenants. Va pour la formule 1-2-3. Le service est fébrile, merci les amuse-bouche. Le pain est servi à la demi-tranche. Va pour les mollets des serveurs. Belle salle, bien décorée d'amusantes choses contemporaines. On devine une belle terrasse ouverte l'été aux beaux jours. Sympathiques plats pour les uns et les autres, ça force sur l'émulsion, ça fait joli, ça fait goûteux un peu. Nul doute que cela gagnera en assurance. Allez, un tour par l'espace de vie du Vin. On y reviendra chercher son signe oenologique (enfin je saurai qui je suis, vu du fond de la bouteille). Les vins sont sagement rangés, classés, encagés même. "Pas de surprise" dit l'ami Patrick. Courageux, des BIB de la maison Raoux et la collection "Signes Oenologiques". On y trouve le programme des animations de l'été, par exemple tous les jours, sauf le lundi, de juillet à août "le vin et le masque" d'Eric Sanson, ça vaut le détour (on déguste après). Entre autres. Bien vu. Le monde y viendra, c'est sûr. Et y reviendra. Dommage que ces traverses de chemin de fer posées partout rappellent par leurs effluves, aux premières chaleurs, leur vocation première. Un tout petit bémol, mais la partition est belle. Elle rehausse la gamme de la planète Bordeaux.
Vignette : la sculpture de Susumu Shingu.
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