Donc Libé se meurt. Est-il possible qu'il disparaisse ? Pourtant mon compagnon quotidien depuis 20 ans, à ce stade, ne me manquerait pas tant que ça. D'où vient ce désamour ? Certes, j'ai vieilli, mûri, pris du poids et je ne vote plus à gauche. Mais j'ai toujours le réflexe Libé. J'ai lu les contributions des lecteurs sur les ya'ka et je suis resté sur ma faim. Comment en est-on arrrivé là ? Petit questionnement soumis aux acteurs.
Dans un contexte de baisse de la diffusion des quotidiens nationaux, comment expliquez-vous la progression de La Croix et d'Aujourd'hui/Le Parisien ? Il y a certainement dans le contenu, dans l'angle choisi pour la une, dans le traitement de l'actu des choses à comprendre pour questionner la manière Libé.
Où sont les unes d'antan ? Celles qui faisaient hurler de rire ou émouvoir aux larmes ? La mort d'Hergé, celle de Coluche et tant d'autres... Où est partie la créativité éditoriale qui faisait tellement du ton Libé ?
Pourquoi ce n'est plus Libé qui découvre le neuf ? Il fut un temps pas si lointain, Libé étant le plus lu des quotidiens par les confrères journalistes qu'il en devenait le point de passage obligé. Sujet, protagonistes et faits étaient littéralement adoubés, parfois écorchés, par la couverture de Libé.
La culture de l'entreprise Libé a-t-elle pris la forme d'une culture d'entreprise et pas celle d'un groupe d'utopistes dans un monde sans pitié ? Certes il y a eu des coups de boutoir, depuis l'arrivée de la pub dans les années 80, la mise en place d'une hiérarchie salariale, la disparition des ndlc. Mais sans modification du terreau culturel, les dirigeants vivront à répétition les mêmes problèmes de pertes structurelles.
Je ne tire pas sur une ambulance. Il fut un temps où une journée sans Libé m'était inconcevable, aujourd'hui je le feuillette et lis d'autres nationaux en plus de notre local Sud Ouest. Le départ sacrificiel de Serge July n'aura servi à rien si tout ne change pas à Libé. Tout sauf le titre.
C'est tout le pb de la vraie nature du contenu que tu évoques là.
Ce qui faisait la vraie valeur de LIbé, tu l'as bien résumé.
Quand on séloigne de ses fondametaux, quand on en est même lus conscient, quand on rejoint bon grè mal grè le creuset délétère de la pensée unique, on a que ce qu'on mérite...
Rédigé par : Alain Lefebvre | 23 octobre 2006 à 11:59
Le problème de Libé résume bien le problème de la presse en général en France .. Contenus de plus en plus fades pour tenter de retenir tant bien que mal des lecteurs volages et adeptes du zapping ou pire du JT de 20 h de TF1 ! Et enfin tant que le poids financier abusif des NMPP croulera toujours sur les épaules des journaux, personne ne voudra débourser 0,80 c€ chaque jour là où des gratuits remplissent le même rôle ... C'est triste une presse qui se meurt et je ne regrette pas d'avoir bifurqué et quitté ce métier qui fut le mien .. Sinon je crois que j'aurais souffert de voir la presse dans cet état ...
Rédigé par : Olivier | 08 novembre 2006 à 16:45