Retour en grâce pour les huîtres du Bassin d'Arcachon, définitivement rincées de tout soupçon mortifère. Combien de temps faudra-t-il pour retrouver les volumes de vente d'avant la crise commencée au début de l'été ? Un ministre en verve y suffira-t-il ? Une douzaine par députés, avec ou sans citron ?
La première réaction des conchylliculteurs à l'annonce de la levée de la surveillance sanitaire a légitimement été d'ester en justice, demander réparation à l'Etat du préjudice subit. Légitime mais vain : ce type d'action est toujours très très long, au résultat hypothétique quant aux dommages et intérêts (cf l'indemnisation de la marée noire du Prestige) et surtout nul quant aux besoins immédiats des producteurs : retrouver les ventes et la trésorerie qui va avec.
La première chose à faire est d'informer via les médias et une stratégie Internet bien pensée tout ceux qui veulent des informations sur la crise en cours. Là on a rien vu ni compris pendant la crise si ce n'est des producteurs en colère, des AG sans résultats. Les médias ont couvert la crise (l'ouverture d'un JT à 20 heures c'est des millions de spectateurs). On y passe quand deux morts paraissent suspectes mais pas quand les résultats de l'enquête disculpent les huîtres et leurs producteurs. Pas assez d'émotion et puis quoi dire, hein coco, que tout redevient normal ? C'est pourtant le seul moyen pour liquider ces émotions qui sont autant de freins à l'achat que de permettre au consommateur de rationnaliser sa trouille pour s'en débarasser. De quelles infos a-t-on besoin ? Tout sur la qualité de l'eau dans le Bassin d'Arcachon : ce qui est fait pour limiter la pollution, surtout en été quand l'afflux de populations se mêle aux températures plus chaudes et aux marées moins remuantes, l'impact du nautisme sur le Bassin, le nombre de prélèvements et d'analyse, leurs résultats sur des périodes longues... Des infos sur ces maudits tests "à la souris" probablement critiquables en tout cas quand les résultats sont mauvais, quand ils sont bons personne ne s'en plaint. Des infos sur ces micros algues, toxiques ou pas etc.... bref, de l'info à l'état brut est disponible, des chercheurs reconnus existent ici à Bordeaux. Il faut sans doute "traduire" une partie de leurs savoirs pour les rendre accessibles au plus grand nombre, ça aussi, des professionnels savent le faire.
Il faut ensuite des opérations de terrain, de promo pure, pour faire l'événement et la couverture médiatique. L'opération Suicide collectif avait été bien couverte en juin, mais positionnée avec une amertume qui ne rassure pas le consommateur convaincu à la plus grande prudence. Y'en a bien des stars très people qui ont défilé tout l'été sur le Bassin... D'autres idées donc pour retrouver la une d'un JT à 20 heures.
Reste la campagne de pub. Le Ministre l'a promise (sans doute une bonne réponse, une bonne transaction valant mieux qu'un mauvais procès). On la voit déjà la campagne : 20 secondes de vagues, de soleil avec cris de mouettes et une ritournelle de pacotille "ouais des huîtres ! l'huître d'Arcachon, mmmmh c'est bon !" Photo finale sur la bourriche, la rondelle de citron... La pub ne fait pas changer les comportements : la campagne ne fera pas les ventes. Par contre, elle fera percevoir une autre image du produit, peut rendre sympathique les ostréiculteurs, montrer ce magnifique et magique Bassin. C'est le ton de la création qui fera l'impact : au choix l'humour, l'émotion des images et/ou du son, la raison du parler vrai (ie les vraies raisons de la fausse crise)... La pub qui fait de l'impact c'est une bonne idée magnifiquement exécutée.
On vous en met combien ?
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