Tiens, un client vient de me demander de lui écrire son discours pour la rituelle cérémonie des voeux prévue pour lundi 8 à l'heure du déjeuner. (oui, je fais ça aussi). Petite occasion de faire le point sur le rite...
Séquence "souvenir, souvenir". Ma première expérience de ce type remonte au début des années 90, je travaillais depuis longtemps avec l'équipe communication d'une belle entreprise publique. Le consultant servant de pompier sur les urgences, je récupérais la tâche, perçue comme toujours comme une corvée. Pareil pour l'audience qui voulait bien soupirer d'ennui pendant 10 minutes avant de se jeter sur un colossal buffet pour une "cérémonie" qui durait deux bonnes heures. Toujours perçue comme un grand moment de la vie de l'entreprise et pour l'équipe en charge de la communication interne, une excellente opportunité de renforcer son réseau interne, de mettre la main sur des infos précieuses ou d'identifier des bobos ici ou là. Toujours est-il que cela m'avait amené à un premier tête à tête avec le directeur général pendant une heure (!) pour cadrer le tout, recueillir la matière première, tester des idées... classique. Le résultat le fut moins puisque les salariés présents avaient senti une véritable différence avec les années précédentes, les syndicats s'étaient énervés -un peu- ("que de la manip"') et l'équipe communication interne fut ravie des lauriers obtenus.
Rien d'extraordinaire dans le contenu sauf que pour la première fois le DG avait développé trois points : on a réussi quelques trucs, on a vu de l'énergie de la part des salariés, on peut donc être confiant pour l'année à venir... Bien sûr, les "trucs" en question avaient été bien précisés et bien mesurés, ils étaient bien réels, et le DG opéra ainsi un début de changement d'image, un début d'un autre leadership. J'ai donc posé les mêmes questions à mon client ce matin : évidemment les réponses ne sont pas venues spontanément... Pourtant l'entreprise se porte bien, le secteur ne manque de concurrence, la mondialisation ne les épargne pas et les dirigeants sont "progressistes" en matière de management...
Quels avantages à célébrer le passé au moment des voeux pour l'année à venir ?
- l'image d'un dirigeant et de sa communication surtout est bien souvent "on ne l'entend que quand quelque chose va mal, là il sait nous trouver". Pour une fois, vous pouvez tordre le cou à la mauvaise habitude et parler de ce qui va bien.
- "de toute façon, même si c'est le patron, il ne sait pas à quel point notre job au quotidien est difficile. On se demande même s'il en a quelque chose à faire". Refrain connu : en parlant des succès, même petits, même lointain dans le temps, le patron démontre qu'il connaît bien son entreprise, qu'il entend bien le tic-tac de son horloge pour détecter tout bruit bizarre.
- ce type de messages ramènera tout le monde à la concrète réalité de l'entreprise, vous pourrez à loisir mettre le doigt sur les difficultés à venir en 2007 tout en montrant votre confiance. Energie positive que l'on dit chez les consultants...
Puisque vous devez vous y coller, autant en faire un grand moment. Ca donnera le ton pour l'année à venir. Au moins jusqu'au lendemain. Comme un feu d'artifice. Mais mieux qu'au loto : vous êtes gagnant à tous les coups.
Ah la sempiternelle ritournelle des voeux ! Comme dans les jeux video, je fais "Delete" et je recommence une partie. Promis, cette fois on va casser la baraque et vous allez tous vous éclater dans le fun, la bonne humeur et le support de la DG ! Et puis J + 31, et tombent les premiers résultats : "faut couper le budget mon bon monsieur" ...Zut j'ai avalé la fève de travers ! Mais bonne année quand même !!!
Rédigé par : Olivier | 10 janvier 2007 à 21:12