Une somme, un chef d'oeuvre à lui tout seul, un must have, un anti table book, bref pour éprouver le plaisir d'être parmi les happy few à avoir vu LE livre en avant-première, et fidèle à ma réputation de cochon truffier toujours sur les bons coups, en voici un : "Bordeaux vu par les peintres" par l'ami Jacques Sargos, aux éditions L'Horizon Chimérique.
C'est définitivement le livre qui manquait à Bordeaux. Anecdotes, révélations, découvertes abondent tout au long des 360 pages et 600 illustrations (pour un prix canon de 50 € !). Parmi les révélations, les dessins réalisés par Goya à la fin de sa vie à Bordeaux sont publiés pour la première fois. Ou les ultimes toiles de Toulouse Lautrec. L'objectif poursuivi par Jacques Sargos est particulièrement noble et ambitieux : montrer comment Bordeaux est devenu Bordeaux. Les peintres, témoins directs, nous montrent Bordeaux au temps de l'Antiquité, du Moyen Age ou de la Renaissance (détruite par Louis XIV). Chaque tableau est abondamment commenté et fait le lien avec les grandes figures de l'Histoire : le très libertin Maréchal de Richelieu (nous lui devons le Grand Théâtre), François de Sourdis etc. "Bordeaux vu par les Peintres" révèle aussi les prémices de la contestation anti-esclavagiste : les premiers opposants sont bordelais alors que le Port connaît une activité frénétique, parmi eux Laffont de Labedat, propre fils du plus grand négrier de Bordeaux mais aussi Montesqieu ou les Girondins de Bordeaux, opposés à l'esclavage pendant la Révolution. Le dernier chapitre montre Bordeaux au début du XXième siècle entre l'industrie du vin ou les débuts de l'industrie automobile avec Motobloc. Au même moment, l'Ecole des Arts Déco de Bordeaux propulse au niveau international des artistes qui décoreront le paquebot Normandie ou Dupat qui décorera les plus grands magasins new yorkais. Bordeaux a apporté beaucoup au monde et cet ouvrage le montre et surtout le démontre. Cela suffira-t-il à briser le cynisme d'autodérision à effet d'autodestruction massive si bien pratiqués par les Bordelais ? C'est indispensable.
En plus, il blogue, en avant-première (la sortie en librairie est prévue pour le 20 novembre) : http://horizonchimerique.typepad.fr
Illustration : le siège de Bordeaux par Clovis, 1737, Charles Natoire, Troyes Musée des Beaux Arts
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