Les malheurs du vin : c'est la une du Time version européenne. "Too much of a good thing" dit le titre de l'article. C'est de la même veine qu'un article en septembre 2001 dans Business Week, "Wine War". On ne pourra pas dire aux générations futures qu'on ne savait pas ou qu'on avait pas vu venir. Petit résumé de l'article du Time.
L'article commence par une carte postale, Alfred Tesseron, en photo devant son château de Pontet Canet, deux labradors et une grosse satisfaction : le 2005 en primeur est 75% plus cher que le 2000. Plus loin, à Margueron, Jean Charles commente lui que "cela ne s'est jamais produit auparavant. 2006 est une catastrophe". Le décor est planté : c'est la même pièce qui se joue, une crise attendue depuis longtemps et donc en retard.
Tout y passe ensuite. Le rappel de la position dominante de la France : il y a dix ans, trois fois les volumes du Nouveau Monde à l'export. Aujourd'hui, 15% en deça. Le système de subventions, les divisions entre les acteurs locaux et le poids d'un gouvernement qui voudrait gérer la crise. Quelques citations croquignolesques. Jean-François Bruère (Coopérative de Landerrouat) qui avoue "on ne s'est jamais préoccupé des consommateurs (...) On peut faire les meilleurs vins du monde mais si personne ne les achète, ça ne sert à rien." Ou Marie Courselle du Château Thieulley qui elle en a "marre d'entendre dire que Bordeaux est un produit démodé". Les mesures prises à Bordeaux sont rappelées : mesure de la qualité, arrachage, fusion des appellations face au poids de la distribution.
Petit tour par les quatre coins du monde : la crise en Californie, plus grave encore en Australie où les mesures prises par les Français semblent timides et lentes. Les 20 plus gros winemakers qui font 85% du volume ont cassé leurs prix et déprécié leurs stocks. Petit rappel sur le changement des modes de consommation : en Angleterre on boit désormais plus de vin que de bière dans les pubs. Retour à Bordeaux pour un exemple de ceux qui bougent : le "Bordeaux Classique" de Ginestet avec gravure du château sur l'étiquette et bouchon à vis ou le Chamarré de Pascal Renaudat (bonne chance pour le marché US avec une marque pareille) qui explique que "les vignerons français ne savent pas vendre. Ils mettent leur nez dans le verre et parle du bouquet boisé".
Conclusion de l'auteur par un retour à Pontet Canet, qui pour la première fois cette année a ouvert ses portes au public et dont le propriétaire se promet à un bel avenir s'il reste au top. Ce qui pour l'auteur est une recette de survie.
Encore un bel article sur le sujet. Maintenant que tout le monde sait que tout le monde sait, qui va prendre rapidement les lourdes décisions qui s'imposent ? Si la réponse est personne ou impossible, la crise durera. Longtemps.
Et si les Bordelais cherchaient à comprendre ce qui s'est passé dans la filière Cognac (voir dans l'excellent Newzy) pour faire de même ?
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