Parution ces jours-ci du très attendu numéro 2 d'Histoire d'Entreprise dont nous avons déjà dit tout le bien que nous en pensons. Mais là, un coup de zoom s'impose sur l'article reprenant les textes de Jaurès parus en mai 1890 à la une de La Dépêche de Toulouse. Le titre ? "Les misères du patronat." Petit extrait : "Lorsque les ouvriers accusent les patrons d'être
des jouisseurs qui veulent gagner beaucoup d'argent pour s'amuser, ils ne comprennent pas bien l'âme patronale. Sans doute, il y a des patrons qui s'amusent, mais ce qu'ils veulent avant tout, quand ils sont vraiment des patrons, c'est gagner la bataille. Il y en a beaucoup qui, en grossissant leur fortune, ne se donneront pas une jouissance de plus ; en tout cas, ce n'est point à cela surtout qu'ils songent. Ils sont heureux, quand ils font un bel inventaire, de se dire que leur peine ardente n'est pas perdue, qu'il y a un résultat positif, palpable, et que de tous les hasards il est sorti quelque chose, et que leur puissance d'action s'est accrue."
Pour ma part, le mot-clé de ce passage est "comprennent pas bien". L'autre bonne surprise de n°2 est l'interview de Michel Rocard qui réagit au texte de Jaurès. Et là aussi c'est lumineux. On regrettera longtemps que Rocard n'ait pas été plus que Premier Ministre... Un mot encore sur les magnifiques photos des aciéries de Lorraine à l'abandon.
Pour savoir où le trouver, un petit moteur de recherche sur leur site, allez-y !
Quand tu auras fini de lire Histoire d'Entreprise, va sur http://www.gustopress.com et abonne-toi. Je prends le pari que tu ne seras pas déçu. Tu peux aussi attendre 2/3 jours que je poste le sommaire sur mon site pour te faire une idée.
Rédigé par : Patrick | 24 mars 2007 à 15:06
Si le passage-clé est que « les ouvriers (…) ne comprennent pas bien l'âme patronale », c’est peut-être parce que le même Jaurés a dit que : « Tout progrès vient de la pensée et il faut donner d'abord aux travailleurs le temps et la force de penser ».
Jean Jaurès (Octobre 1889)
Rédigé par : MEL | 24 mars 2007 à 21:30
Merci pour votre complément d'info sur les dires de Jaurès. Cette notion du temps est évidemment décisive : reste que si les mass médias diffusaient une culture économique plus construite, plus objective, plus rationnelle, je pense que les ouvriers d'aujourd'hui s'intéresseraient au sujet.
Rédigé par : alain laufenburger | 26 mars 2007 à 18:04
Pour "que les ouvriers d'aujourd'hui" s'intéressent au sujet, il faudrait certes une info économique plus "pédagogique", mais aussi que les chefs d'entreprise leur permettent de concevoir l'entreprise comme un enjeu commun, où l'un n'est rien sans l'autre. Si les objectifs de l'entrepreneur doivent être compris et intégrés par les employés faut-il encore que certains d'entre eux renoncent à des pratiques qui disqualifient l'entreprise au regard des "ouvriers" au sens large du terme. Tiens cela me rapelle les dires d'un certain candidat...
Rédigé par : MEL | 26 mars 2007 à 18:42
Intéressant en effet. Mais est-ce qu'aujourd'hui on peut travailler à
partir de Jaurès pour convaincre nos concitoyens que l'entreprise est un
facteur de création multi-acteurs : seul Sarkozy s'y est essayé avec le
succès que l'on sait. Avec l'identité nationale, il a trouvé un terrain
où il n'y a plus de pensée ; seul l'affect réagit, du bon et du mauvais.
Rédigé par : Ered | 26 mars 2007 à 19:22
Certes rien n'est satisfaisant aujourd'hui mais pourquoi reporter tous nos espoirs sur un candidat prodige ? Nous ne ferions que reproduire les espoirs -toujours déçus- de nos parents et/ou des votes précédents. Nous avons un nouveau monde à inventer. Ni plus, ni moins et c'est énorme.
Rédigé par : alain laufenburger | 26 mars 2007 à 22:37
Je crois avoir été trop imprécise ou évasive sur le "candidat" auquel je faisais référence prédemment. Pour lever toute ambiguité, il s'agissait de FB, qui tient des propos similaires dans "Projet d'espoir", dont je conseille vivemment la lecture, pour juste entrevoir " un nouveau projet de Société" à mettre en oeuvre...
Rédigé par : MEL | 27 mars 2007 à 09:55