Consulting Forever

Aux larmes citoyens !

"On a tiré le signal des larmes". C'est ainsi que Guillaume Pépy, DG de la SNCF, répondait ce matin sur Europe 1 à JP Elkabach en commentant les négociations en cours et les enjeux financiers pour son entreprise, à peine redevenue rentable (une première effectivement). Un lapsus magnifique, je laisse à mes lecteurs versés dans les lectures psychanalytiques (voire morphopsychologiques pour qui a vu la coquetterie dans l'oeil de M. Pépy) le soin de nous en faire la lecture. Lapsus prémonitoire de l'issue du conflit ou révélateur de l'âpreté des négociations (auxquelles nous ne comprenons toujours rien) en cours ? N'est pas Alexandre (le Grand) qui veut : trancher ce noeud gordien est impossible. Bien trop complexe. Certes notre Alexandre a le pouvoir, il veut le prouver, le démontrer "pour faire les réformes dont le pays a besoin". Qui le lui conteste ?  Faudrait juste qu'il laisse tomber son glaive pour changer de méthode de négociation et de gestion du changement. Ce n'est pas le pourquoi qui coince, mais le comment. Pour que Guillaume puisse négocier sans larmes...

Vignette trouvée sur ce joli blog Topolivres. Etonnant, non ?

Ceci est-il une pipe ?

Nouvelle petite conversation entre collègues consultants : chacun dans son domaine est confronté à des demandes très précises de nos clients. Parfois trop. Une véritable "vue de l'esprit". Dans les finances, montrer que cette activité n'est pas pilotée et qu'il convient de l'outiller de tableaux de bord pour in fine l'abandonner. Dans les ressources humaines, que tel dirigeant sous-performe et qu'il convient de le pousser vers la sortie, alors qu'il est à 6 mois de sa retraite. Dans la stratégie, que telle idée de diversification ou d'investissement est créatrice de valeur à court terme et planche de salut à moyen terme. Alors, avec notre éthique en bandoulière, nous menons notre mission et nous trouvons que non, définitivement non, telle n'est pas la "bonne" idée.

Grèves : mais qui aime le changement ?

Grève mercredi 14 novembre : nous éprouverons sans fausse honte le doux sentiment d'être privilégié. Nul besoin de nous précipiter sur la route, nul impératif d'être à la capitale. Nous aurons une pensée pour les marcheurs, cyclistes et autres pénitents du travail salarié relevant du droit privé et non du privilège des régimes spéciaux. Des fois que vous n'auriez pas remarqué depuis au moins une semaine, demain c'est grève totale. Le mois de novembre sera mauvais. Attachées ou pas, les ceintures ministérielles ne suffiront pas. Des bretelles seront nécessaires. Voire des parapluies, tout dépend de l'après. La grève continuera-t-elle ? Remake de 1995 ? Voire de 1968 avec les étudiants en ébullition ? Avec un baril à 100 bucks, mangera-t-on du thon à Noël ? Ou de la dinde ? De toute façon, on ne pouvait pas l'éviter la grève demain, non ? Si.

"On vous offre le citron"

Petite joie du matin vendredi 9 novembre dernier : l'ami Olivier a les honneurs de Sud-Ouest dans les pages Bordeaux pour vanter sa ville, notre ville. Il a ouvert sa poissonnerie  "A la bonne mer"  au 135 rue Fondaudège.  Sud Ouest nous gratifie d'une très belle photo devant le Palais Gallien, ça c'est du turbo de la raie bouclée (merci dudu) et vise-moi un peu l'espadon dans son triporteur de solex. Ses produits sont remarquables, son sens du service sans limite, ses heures d'ouverture larges, comme ses idées. Et ses encouragements à l'annonce de votre choix "vous allez vous régaler" ou "excellent choix, vous m'en direz des nouvelles". Olivier remet en cause le tout-tram dont la CUB rêve : on connaît la sanction, deux ans de travaux minimum, suffisamment long pour apprendre à faire ses courses ailleurs. Adieu huîtres, maquereaux, maigre et fières crevettes ?  "Nous sommes tous acteurs" dit-il, "personne ne veut d'une ville qui ait le silence d'un musée".  Très juste. Acteur n'est pas statue. Les spectateurs sont là, la scène est trouvée, l'intensité dramatique toute proche.

Zorro arrive à 20 heures

Presque pile à l'heure pour la messe cathodique. Certes, ceux qui sont libérés sont bien contents. Certes, on ne comprendra pas grand chose avant longtemps de ce qui s'est réellement passé dans la barcasse de zoé. Mais voilà notre omniprésent Zorro qui revient avec un nouveau triomphe. Ca nous fera oublier deux ou trois trucs qui fâchent ou qui questionnent. Et hop les sondages qui remontent. Et hop une nouvelle étape du story-telling. Mais zut la réalité reste têtue.
Enfant j'aimais beaucoup Zorro, le seul, le vrai, celui qui surgit hors de la nuit et qui court vers l'aventure au galop.

Racines, histoire et modernité

Entre ceux qui mangent et ceux qui bouffent, vous l'avez compris j'ai choisi mon camp. Pire, je milite pour me sentir moins seul. C'est pour ça que j'ai rejoint Slow Food il y a deux ans, convaincus par les amis Patrick et Ségolène. Des fois, ça donne des moments rares, ineffables disons-le. Comme par exemple le lundi 22 octobre dernier où entre la conférence chez Mollat et le repas dégustation au Bonheur du Palais, on était en pleine expérience d'intelligence magnifiée. Je m'explique.
Le thème choisi et construit patiemment par Ségolène depuis deux ans, "Tradition & Transmission" voulait démontrer que de jeunes vignerons pouvaient poursuivre l'oeuvre des ainés, la recevoir pour la revisiter et finalement l'amplifier. Et pour le démontrer concrètement, joindre la dégustation dans un esprit très très Slow Food de leurs vins aux plats concoctés tout exprès par 4 chefs remarquables. Premier temps chez Mollat dont Ségolène raconte les meilleurs moments sur son blog (allez-y elle écrit remarquablement bien, je ne vais rien rajouter, d'ailleurs comme d'habitude mes pensées un moment se sont égarées en pensant à des figures amies). 

Le plus petit restaurant du monde

Nous connaissons tous un endroit merveilleux auquel ne s'attache que de très bons souvenirs. Le Petit vatel est de ceux là ou celui-là même puisque sans équivalent pour moi. Gentille fin de soirée, rencontres de vis à vis affamés, promesse d'une belle nuit à refaire le monde ou moment douillet avec ce sentiment d'être à la maison, voilà l'histoire. Parisien à mi-temps, germano-pratin même en vertu d'une gauche promesse faite alors qu'étudiant vraiment amoureux, j'ai poussé un soir la porte du Petit Vatel. Sans réservation bien sûr. Mais enfin vous réservez, vous, quand vous êtes invités chez des amis ? L'accueil de Sixte fut tel que j'y revenais le lendemain. Etc. Aujourd'hui Sixte publie un livre de ses recettes, "la cuisine du Petit Vatel" aux éditions Arléa. On va s'essayer au pamboli ou aux diots de savoie ou à la polenta aux girolles. Et ce faisant, on s'amusera au souvenir de Sixte égrenant la composition de son assiette végétarienne en français, en anglais, en espagnol et en Dieu sait quoi pour ses invités. Et si vous y allez et que la tentation vous mène à la tomme crayeuse de savoie, soyez respectueux de ce bon fromage, mangez-le avec la croute. Sixte ou Catherine sauront vous reconnaître. Si Slow Food devait avoir un siège parisien, ce serait celui-là. Parce qu'on y mange très bien, en très bonne compagnie, pour pas cher. C'est bon, c'est propre, c'est juste. Essayez les pois chiches aux capres.

A Grenelle, en Porsche, vite !

Privilège rare que celui de faire un bout de route en voiture électrique. Grâce à l'ami Robert, nous voilà parti du centre de Bordeaux pour le bout du monde, nous y étions 20 minutes plus tard. 35% de réserve d'énergie en moins mais nickel pour le confort. Un coup de bouton pour faire marche arrière, un emplacement de premier ordre pour accéder à la prise électrique, pas de vibrations au démarrage, pas d'odeur, pas de bruit, le vaisseau spécial glisse sur la chaussée : les bruits voisins paraissent énormes. D'ailleurs ils le sont. Au deuxième jour de Grenelle, cela me paraissait de bon augure que de parier sur le véhicule électrique.
En passant, cela m'a rappelé une saine lecture, celle de Business Week Innovation, qui faisait de Porsche le champion du monde du Développement Durable. Si, si. Tout simplement parce que 60% des Porsche jamais construites sont toujours en circulation. Et le  "columnist" Bruce Nussbaum de nous interpeller sur le score de 60% : imaginez notre vie si 60% des ordinateurs jamais construits seraient toujours en fonction plutôt que de pourrir dans des usines mortelles, ou 60% des bouteilles d'eau en plastique... Etc et Ben Terret, le designer blogueur d'où vient l'analyse de poursuivre avec le trafic aérien (que se passerait-il si on organisait mieux les routes aériennes -on pourrait facilement le faire-, pareil pour les compartiments bagages etc...) et de conclure sur le vaste poteniel du design industriel, à peine égratigné, et encore... Les "comments" de lecteurs sont sympas aussi sur le site de BWeek. Le design industriel, et vous où en êtes-vous ?    

De l'orgueil

Petite discussion entre amis : un agacement légitime nous prend devant l'attitude souvent rencontrée de l'orgueil d'untel particulièrement vaniteux d'une réussite réelle. Est-il orgueilleux ? Est-il fier ? Fierté serait-elle synonyme de ce trait de caractère détestable, par ailleurs l'un des péchés capitaux ? Le Robert nous confusionne plutôt qu'il ne nous éclaire. Pourtant la fierté d'appartenance à une équipe, une entreprise, une communauté ne nous semble pas aller de pair avec ce désagréable comportement de supériorité, de dédain, cette absence d'écoute caractéristique et cette certitude de tout savoir sur tout. C'est Wiki qui nous en dira plus sur l'orgueil : "attribution à ses propres mérites de qualités vues comme des dons de Dieu (intelligence, etc.). Son démon est Lucifer . Il s'agit d'une opinion très avantageuse, le plus souvent exagérée, qu'on a de sa valeur personnelle aux dépens de la considération due à autrui, à la différence de la fierté qui n'a nul besoin de se mesurer à l'autre ni de le rabaisser." C'est exactement ce que l'on voulait dire : orgueil, non ; fierté, oui.

En vignette :  Pieter Bruegel l'Ancien, les 7 péchés capitaux, l'orgueil, vers 1525-1530 

Ma poule, un contrat !

Magnifique idée que celle captée lors d'une toujours trop longue transhumance autoroutière : il existe des "contrats poule". Enfin il en existe au moins un. Celui d'un couple de paysans du Territoire de Belfort, Sophie et Eric Walger de la Ferme des Echancées, interrogés par Philippe Bertrand, talentueux cochon truffier de la France Inter (qui avait si bien narré "Bordeaux vu par les peintres"). Ah que la belle histoire : Sophie et son mari reprennent la ferme familiale, se frottent au modèle agro-industriel, s'y piquent jusqu'à en presque crever et décident de relever le bec avec le "Contrat Poule" : vous achetez une poule et toutes les semaines, vous recevez la boite de ses oeufs à elle, devenus les vôtres. Avouez que c'est génial. Vous pouvez lui donner un nom (le premier qui dit "poupoule" s'en prend une), lui fêter ses anniversaires, fêter Noël avec elle, venir la voir le dimanche avec les enfants "tu vois chéri(e), ce sont ses oeufs que tu manges, ils sont trop bons !!!!" Evidemment les pré-ados rebelles auront tôt fait de rappeler par où passe l'oeuf histoire de casser l'ambiance, parce que quand même, tous les dimanches, allez voir la p.... de poule, ça rend véner. Mais voilà, je trouve l'idée du "contrat poule" géniale. Si elles pouvaient faire des petits poussins un peu partout en France, et en particulier à Bordeaux... "Trois p'tites poules sur un mur qui picorent du pain dur...."

Vignette : La Ferme des Echancées dans le Territoire de Belfort.